La Rondine de Puccini, rarement donnée sur les grandes scènes, se dévoile ici dans toute sa singularité. Œuvre hybride entre opéra et opérette, créée en 1917, elle a vu ses airs les plus célèbres, Chi il bel sogno di Doretta ou Ore dolci e divine, faire rayonner la musique de Puccini bien au-delà de l’ouvrage. Remise en scène par le célèbre ténor Rolando Villazón, elle devient un théâtre où chaque détail nourrit la rêverie et l’intensité dramatique.
La Rondine déploie une musique chatoyante où la valse, capiteuse et mélancolique, se mêle aux danses venues d’Amérique, fox-trot et one-step, reflets d’une époque en mutation. Au cœur de cette partition raffinée, Magda, femme entretenue et héroïne fragile, rêve d’échapper au faste du Paris mondain pour s’élancer, telle une hirondelle (rondine en italien), vers le soleil et l’amour vrai.
Pour donner vie à ce joyau méconnu, Villazón situe l’action dans le Paris des années 1920, au cœur du surréalisme, et peuple la scène de références picturales : un portrait Renaissance surgit au premier acte avant de réapparaître en version « Magritte » au troisième, tandis que figurants et danseurs se figent en images vivantes, comme sorties d’un tableau.
Portée par une distribution inspirée, avec Charles Castronovo dans le rôle de Ruggero et Dinara Alieva dans celui de Magda, cette Rondine dirigée par Roberto Rizzi Brignoli prend véritablement son envol. Entre ivresse, charme et désenchantement, Puccini s’y révèle dans une lumière inattendue. Une redécouverte magistrale et une expérience incontournable.
Vidéo
Roberto Rizzi Brignoli (direction musicale)
Rolando Villazón (mise en scène)
Johannes Leiacker (décors)
Brigitte Reiffenstuel (costumes)
Chœur du Deutsche Oper Berlin
Orchestre du Deutsche Oper Berlin
Dinara Alieva (Magda)
Alexandra Hutton (Lisette)
Charles Castronovo (Ruggero)
Álvaro Zambrano (Prunier)
Stephen Bronk (Rambaldo)