Maria Callas, Giuseppe di Stefano, Rolando Panerai et Nicola Rossi-Lemeni : un quatuor d’exception sous la direction de Tullio Serafin pour vous préparer aux Puritains de Bellini.
L’essentiel
• Une œuvre majeure du bel canto romantique.
• Laurent Pelly signe une mise en scène élégante et épurée, d’une parfaite lisibilité.
• Pour ses débuts à l’Opéra de Paris, Corrado Rovaris, spécialiste de ce type de répertoire, dirige une très belle distribution emmenée par Lawrence Brownlee et Lisette Oropesa, qui ont chacun enregistré avec lui des airs belcantistes.
Dans le château de Lord Valton, un partisan de Cromwell, on s'apprête à célébrer le mariage de la fille de celui-ci, Elvira, avec Arturo, partisan des Stuart. Arturo découvre que la reine Enrichetta a été faite prisonnière et que Valton doit l'amener à Londres pour qu'elle soit jugée et exécutée. Il fait s'échapper la reine et prend la fuite avec elle. Se croyant trahie, Elvira perd la raison...
« Grave dans ton esprit avec des lettres ayant l’éclat du diamant ce qui suit : le drame musical doit faire pleurer, horrifier, il doit donner la mort avec le chant ».
(Lettre de Bellini à Carlo Pepoli)
Bénéficiant dès sa création parisienne d’une distribution exceptionnelle – le fameux quatuor des Puritains –, l’opéra de Bellini s’impose aujourd’hui comme une référence du bel canto où les grands airs s’enchaînent avec une fluidité inouïe. La veine mélodique caractéristique du compositeur s’épanouit dans des cantilènes d’une grâce infinie suivies de rapides cabalettes, soutenues par un tissu orchestral qui gagne en relief sous l’influence du style français. Si les rôles principaux rivalisent de virtuosité, la partition embrasse des structures plus vastes et contient des passages instrumentaux – dont celui de l’ouragan où l’orchestre reprend le topos du paysage-état d’âme – des ensembles et des chœurs d’une grande puissance. Ardeur guerrière ou lyrisme éperdu, les passions, au premier rang desquelles la folie d’Elvira, y sont transcrites avec une expressivité et une originalité dans le traitement musical dont on trouve peu d’exemples dans le siècle. La révolution de l’opéra italien dont Verdi sera le héraut se donne ainsi en germe dans cette peinture d’inspiration toute romantique, le dernier triomphe de Bellini avant sa mort.
Se souvenant de la dramaturgie de l’intime qu’invente le romantisme, Laurent Pelly fait d’Elvira le personnage central de la mise en scène. Le conflit entre les allégeances politiques et sentimentales, le désir individuel et la destinée collective sont observées au prisme du regard de cette héroïne tourmentée, dont la folie commandait déjà à la composition de l’ouvrage là où Bellini aurait pu s’attacher à travailler au réalisme d’un drame historique. Partant de ce foyer subjectif et halluciné, matérialisé par la chambre du personnage féminin autour de laquelle se construit principalement le décor, Laurent Pelly signe une production piranésienne malgré l’épure du plateau, hantée par les silhouettes austères des chœurs et des images projetées en noir et blanc qui contribuent à l’effet d’enfermement dans l’espace mental d’Elvira. Ainsi, les incohérences du livret trouvent-elles finalement à répondre d’un propos sur lequel règnent en maître les pouvoirs de transfiguration de la musique.
Sur la scène, le fort puritain où se déroule l’action est réduit à ses contours, dessiné par les angles et les arêtes de structures métalliques qui l’apparentent à une vaste cage. Ainsi privée de matière et de densité, l’autorité du vraisemblable cède définitivement à celle de la poésie, aux suggestions du lyrisme et des allégories, celle d’une guerre mortifère et dérisoire et d’un féminin trop souvent sacrifié.
MELODRAMMA SERIO EN TROIS PARTIES, 1835
En langue italienne
LAURENT PELLY
Reprise (Création : 2013)
CORRADO ROVARIS
LORD GUALTIERO VALTON
VARTAN GABRIELIAN
SIR GIORGIO
ROBERTO TAGLIAVINI
LORD ARTURO TALBOT
LAWRENCE BROWNLEE
SIR RICCARDO FORTH
ANDREI KYMACH
SIR BRUNO ROBERTON
NICHOLAS JONES
ENRICHETTA DI FRANCIA
MARIA WARENBERG
ELVIRA
LISETTE OROPESA
Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris
3h20 avec 1 entracte