La musique

Pour préparez votre soirée, écoutez Faust de Gounod dirigé par André Cluytens, avec Nicolai Gedda, Victoria de los Angeles et Boris Christoff

L’essentiel

• Un des sommets du répertoire français et un chef-d’œuvre universel dont on trouve la  trace chez Offenbach. 

• Une mise en scène spectaculaire, inventive et résolument contemporaine.

• Une brillante distribution, emmenée par Pene Pati, Amina Edris et Alex Esposito, en  alternance avec John Relyea.

L’argument  

Afin d’obtenir la jeunesse éternelle, Faust vend son âme au diable. Il parvient à séduire la douce Marguerite, avant de la délaisser et de commettre l’irréparable en tuant son frère, Valentin. Trahie, désespérée, Marguerite tue l’enfant qu’elle attendait de Faust. Emprisonnée, sa vie s’achève dans une extase spirituelle, sur la réconciliation avec Dieu. 

L’héritage 

« L’art de Gounod représente un moment de la sensibilité française. C’est de la beauté en  puissance qui éclate au moment où il le faut, avec une force fatale et secrète. »

(Claude Debussy,  Monsieur Croche, antidilettante, 1921)

Chef-d’œuvre de l’esprit français, alliant comédie, virtuosité charmeuse et grandeur tragique, le  Faust de Gounod connaît une vie théâtrale particulièrement intense. Dans les bagages du  compositeur depuis sa résidence à la Villa Médicis, occupant son esprit pendant plus de deux  décennies, l’ouvrage s’invente d’abord dans la forme de l’opéra-comique avant de se mouler dans le canevas du grand opéra. À la faveur de ses reprises, la pièce subit des coupes ou s’étoffe ; Gounod ne cesse d’y revenir, jusqu’à redistribuer parfois l’ordre des scènes, sans conséquences du reste sur le dénouement. Partant de l’adaptation de Barbier et Carré et se concentrant à son  tour sur l’histoire d’amour entre Faust et Marguerite, Gounod orchestre avec une grande maîtrise théâtrale la tentation et la perte des illusions, la chute des amants et le salut de la jeune fille, dont le destin est le seul véritablement soldé à la fin de l’opéra. Désir et spiritualité, pulsions de vie et de mort ne cessent de coïncider au sein de la pièce et la fièvre s’y décline dans toutes ses acceptions : angoisse existentielle, agitation populaire, trouble amoureux, exhalation passagère, folie meurtrière ou mystique. Mais les lignes vocales n’en conservent pas moins une clarté mélodique, une pureté d’écriture, au plus près de la prosodie de la langue française, qui les éloignent des modèles romantiques italiens et germaniques et laissent aux chœurs et à l’orchestre le soin d’intensifier les situations dramatiques. Faust trouve ainsi son équilibre, entre sens du spectaculaire et émotion tout intérieure, immédiate et sincère.  

Le parti pris  

Dans une mise en scène fantasque et riche en effets, mais aussi sombre et mélancolique, Tobias Kratzer rattache le mythe faustien à l’obsession pour la jeunesse de nos sociétés  contemporaines. Personnage trouble, Faust y est dédoublé, partagé entre l’enveloppe qu’il aspire à quitter et un avatar de jeune premier qui ne cesse de lui échapper, le contraignant à revenir boire à la coupe de Méphisto. Accordée par la grâce du démon, la vitalité de Faust demeure le simulacre de l’ardeur des personnages qui l’entourent, dont Siebel, le prétendant de Marguerite, véritable figure d’abnégation dans cette version qui lui accorde davantage d’importance. Dans la course effrénée du récit cependant, l’attention du metteur en scène se déporte avec empathie du désir masculin vers les tourments d’une féminité inquiète. Déployée dans les lieux communs d’une modernité familière (intérieur bourgeois, terrain de basket, nightclub, immeuble en coupe, cabinet d’échographie, rame de métro) et ponctuée de nouveaux coups de théâtre, la proposition de Tobias Kratzer rend plus présente la question de la banalité du mal et des rapports de force dans lesquels s’inscrit la quête de Faust.  

Au cœur de la production 

Moyennant des projections vidéo qui réinvestissent l’imagerie fantastique d’un Paris nocturne et des prises en direct sur le plateau, la représentation oscille entre hyperréalisme et magie, entre scènes intimes et démonstration grand spectacle des pouvoirs de Méphisto, personnage théâtral par excellence, illusionniste truculent dont le metteur en scène expose les ficelles en même temps que les siennes.  

OPÉRA EN CINQ ACTES, 1859

En langue française

Mise en scène

TOBIAS KRATZER

Reprise (Création : 2021)

Direction Musicale

EMMANUEL VILLAUME

Distribution*

FAUST

PENE PATI

MÉPHISTOPHÉLÈS

ALEX ESPOSITO / JOHN RELYEA

MARGUERITE

AMINA EDRIS

VALENTIN

FLORIAN SEMPEY

WAGNER

AMIN AHANGARAN

SIEBEL

MARINA VIOTTI

DAME MARTHE

SYLVIE BRUNET-GRUPPOSO

Orchestre et Chœurs de l'Opéra national de Paris

3h50 avec 2 entractes

*pour les dates précises de distribution, se référer au site internet de l'Opéra national de Paris.

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