Vidéo: © NPS - Monarda Arts 1998
Entre le soi-disant art et l'artificiel - entre la réalité de la vie ou la fantaisie - cette zone médiane crée une tension qui m'intéresse. C'est comme se tenir au bord d'un rêve.

- Jiří Kylián

La “belle figure”, au sens propre, évoque le corps athlétique et gracieux, sculpté par des années d’effort et de travail musculaire - le corps d’un danseur, ou d’une danseuse. Au sens figuré, elle rappelle la "bonne figure”, que l’on fait lorsque l’on a quelque chose à dissimuler. Entre ces deux imaginaires, celui de l’art, et celui de l’artifice, Bella Figura interroge les tensions et les contradictions au cœur du théâtre et de la performance - entre apparences et réalité. 

Car c’est bien d’entre-deux dont il s’agit dans ce ballet devenu légendaire, créé en 1995 au Nederlands Dans Theater dont Jiří Kylián assumait alors la direction artistique, et entré au répertoire du Ballet de l’Opéra national de Paris en 2001. 


Entre-deux musical, tout d’abord, en convoquant les grands noms du baroque italien - Giovanni Pergolesi, Antonio Vivaldi, Alessandro Marcello et Giuseppe Torelli - et celui de Lukas Foss, compositeur américain du XXe siècle. 

Entre-deux visuel, ensuite, dans les parti-pris de lumière qui évoquent à bien des égards le clair-obscur du Caravage et qui figent les postures en autant de tableaux vivants ; ou encore dans les contrastes chromatiques - rouge sang, chaire neutre. 

Entre-deux identitaire, enfin, dans ce refus de distinguer entre les corps féminins et masculins - quête assumée de l'androgynie qui abolit les particularismes et les différences. 

Dans ce collage de duos qui se dérèglent parfois en trio, dans ces jeux où l’identique se dédouble et où le “je” s’affronte, Bella Figura nous offre une réflexion profonde sur la substance même de la représentation théâtrale : où commence le spectacle ? où s’arrête la performance ? jouer signifie-t-il feindre ?

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