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Gaetano Donizetti a peut-être atteint l'immortalité avec ses opéras comiques Don Pasquale et L'Elisir d'amore, et s'est assuré une place de choix dans le cœur des sopranos coloratures du monde entier avec Maria Stuarda et Lucia di Lammermoor. Cependant, en matière de pur divertissement, son opéra La Fille du Régiment reste inégalé. Cette pièce, empreinte de légèreté et d'espièglerie, prend une dimension encore plus savoureuse sous la direction du metteur en scène Laurent Pelly dans cette production haute en couleurs qui régalera d’ailleurs le public parisien à l’automne 2024.

L'intrigue tourne autour de Marie, la « fille du régiment », trouvée bébé sur un champ de bataille et élevée par des soldats comme leur propre fille. Elle tombe amoureuse du jeune Tyrolien Tonio, qui rejoint le régiment pour rester près d'elle. Lorsque la marquise de Birkenfeld découvre l'existence de Marie, elle prétend qu'il s'agit de sa nièce perdue depuis longtemps et décide de la transformer en dame de la haute société. Cependant, ses plans échouent : Marie ne renoncera jamais à son amour pour Tonio et refuse de devenir une dame de la noblesse.

La soprano française Natalie Dessay, à la fois chanteuse éblouissante et actrice de talent, entraîne avec aisance ses partenaires dans cet opéra bouffon et turbulent. Son partenaire, Juan Diego Flórez, l'un des ténors les plus demandés de notre époque, incarne Tonio avec brio. Il charme ainsi Marie – et le public – par sa voix et sa prestance, enflammant la scène avec son aria « Pour mon âme » et ses neuf do aigus.

Le baryton Carlos Álvarez incarne avec un comique inoubliable le sergent Sulpice, qui veille sur Marie et préférerait de loin qu'elle épouse un duc plutôt qu'un paysan tyrolien. Toutefois, le moment le plus hilarant de la représentation est peut-être l'apparition de la grandiose Montserrat Caballé dans le rôle de la duchesse de Krakenthorp. Pour le plus grand plaisir de tous, elle interprète la chanson suisse de yodel « S'Schätzeli », un de ses rappels de récital préférés. Yves Abel dirige l'Orchestre de l'Opéra de Vienne dans cette interprétation exaltante d'une œuvre qui n'a rien à envier aux chefs-d'œuvre bien-aimés de Donizetti.

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