Vidéo: © 2014 UNITEL

On dit d’accoutumée que pour monter Verdi il faut engager les plus grands chanteurs du monde : c’est chose faite ici avec cette Force du destin bavaroise, qui fait l’événement en réunissant sur le même plateau le ténor des ténors Jonas Kaufmann, la soprano Anja Harteros et le baryton Ludovic Tézier. 

Au travers d’une intrigue complexe, l'opéra de Verdi, pionnier tant sur le plan de la forme que du contenu, aborde trois thèmes fondamentaux de l’expérience humaine, qui n’ont rien perdu de leur actualité : l'arrogance de classe, les stéréotypes raciaux et les ravages de la guerre. Les deux premiers sont palpables dans la romance entre la noble Leonora et Alvaro, un homme d'ascendance inca méprisé pour son statut social inférieur. Le troisième, quant à lui, se dévoile dans toute sa brutalité à partir du troisième acte, en dépit des tentatives de divertissement de la gitane Preziosilla. Face à un monde aussi impitoyable, contre lequel même la paix de l'église n’est d’aucun secours, il ne reste que la puissance sauvage du chant et l’intensité du théâtre, seules consolations possibles pour les amants persécutés. 

Sous la direction perspicace, réfléchie et psychologique de Martin Kušej, ce chef-d'œuvre se pare de couleurs résolument modernes, et transporte subtilement la tragédie d’Alvaro et de Leonora dans un monde marqué par de nouveaux traumatismes, comme le 11 septembre ou la guerre en Syrie. Un émouvant rappel de la pertinence renouvelée de l’opéra, et de l’éternelle résistance de l’art contre les tourments et les persécutions.

Nos suggestions