La musique

Écoutez des extraits de La Flûte enchantée dans la version mythique d’Otto Klemperer, avec Nicolai Gedda, Gundula Janowitz et Lucia Popp.

L’essentiel

• Une œuvre universelle, intemporelle, un des plus beaux fleurons du répertoire lyrique.

• Une mise en scène élégante et épurée, qui sort des sentiers battus du conte merveilleux pour offrir une réflexion sur la mort d’une belle portée philosophique.

• Une distribution réunissant génération montante et chanteurs expérimentés, capables de rendre pleinement justice à la théâtralité de l’œuvre.

L’argument

La Reine de la Nuit donne pour mission au prince Tamino de sauver sa fille Pamina, prisonnière de Sarastro, le grand-prêtre d’Isis et Osiris. S’il y parvient, il pourra l’épouser. Accompagné de Papageno, il devra affronter maintes épreuves et déjouer les apparences premières pour accéder à la Vérité et retrouver Pamina.


L’héritage

Un récit initiatique où cohabitent serpent géant, oiseleur fanfaron et instrument protecteur, Reine de la Nuit aux dessins vengeurs et dignitaire solaire garant d’un ordre supérieur ; jamais l’on n’aura pris le chemin de la sagesse et de la connaissance avec autant d’entrain que dans La Flûte enchantée. Renouant avec la langue allemande et le public des faubourgs, Mozart livre son dernier chef-d’œuvre sous la forme d’un divertissement populaire spectaculaire et féerique : le singspiel, un genre qui alterne, à la manière de l’opéra-comique, entre parties chantées et parlées. Mais le compositeur en transcende les canons, tant par la richesse conceptuelle d’un livret qui agrège philosophie des Lumières, orientalisme et rituel maçonnique, que par la grande variété de la composition. Aria seria ou d’opera buffa, bel canto, choral luthérien, grands finali : Mozart y assume toutes les directions, dépassant le conflit des contraires qui structure le récit dans des accents de tendresse, de noblesse, de colère et de gaieté mêlés. Tantôt lente et interrogative, alerte et brillante, la partition reconduit sans cesse les charmes de la découverte, de l’incertitude inquiète et du mystère qui précèdent l’illumination, laquelle, pour qui s’emploie à questionner les apparences à l’invitation du livret, ne saurait advenir par la seule intervention de Sarastro.


Le parti pris

« La préméditation de la mort est préméditation de la liberté. […] Le savoir mourir nous affranchit de toute sujétion et contrainte »

(Montaigne, Les Essais)

Robert Carsen dépouille la fable de son vernis exotique dans une mise en scène moderne et stylisée qui prend le contre-pied du manichéisme du livret. Le metteur en scène fait de la Reine de la Nuit et de ses Trois Dames des alliées consentantes au plan de Sarastro et s’attache à creuser le sens de l’initiation à laquelle sont soumis Tamino, Pamina et Papageno. Inspiré par la découverte d’une lettre de Mozart à son père, contemporaine de la création de l’ouvrage, Robert Carsen suspend la possibilité du progrès moral à la compréhension de notre finitude, l’apprentissage de la vie à celui de la mort, – de l’échec peut-être aussi –, non seulement son idée mais sa présence imminente à chaque épreuve, par-delà le royaume de la Nuit. Mais celle que le compositeur choisissait de regarder comme « notre meilleure amie » n’épuise pas les lumières de cette Flûte qui nous enjoint au contraire, et non sans humour, à ne pas craindre de voir la fin advenir, à se libérer de la peur du gouffre et de l’angoisse du silence pour se risquer à entrevoir la vérité désirée, à emprunter le chemin inconnu pour se baigner dans les clartés espérées.


Au cœur de la production

Préparée depuis l’orée d’un bois et conduite jusqu’au sépulcre, l’initiation de Pamino prend des allures de catabase dans la scénographie fantastique imaginée par Michael Levine. Tombes creusées dans la fraîcheur du gazon, à même la terre ou dans la continuité de la fosse d’orchestre, cercueils, squelette : la mort y rôde partout et confond dans son empire aussi bien les dames de la nuit que les prêtres du soleil. En proie à une métamorphose tranquille, l’image projetée de la forêt continue pourtant d’indiquer une issue dans le passage des saisons et de préparer la résurrection finale du paysage.


SINGSPIEL EN DEUX ACTES, 1791

En langue allemande

Mise en scène

ROBERT CARSEN

Reprise (Création : 2014)

Direction Musicale

OKSANA LYNIV

Distribution

SARASTRO

JEAN TEITGEN

TAMINO

PAVOL BRESLIK

KÖNIGIN DER NACHT

ALEKSANDRA OLCZYK

PAMINA

NIKOLA HILLEBRAND

PAPAGENO

MIKHAIL TIMOSHENKO

PAPAGENA

ILANAH LOBEL-TORRES

ERSTE DAME

MARGARITA POLONSKAYA

ZWEITE DAME

MARIE-ANDRÉE BOUCHARD-LESIEUR

DRITTE DAME

CLAUDIA HUCKLE

MONOSTATOS

MATHIAS VIDAL

SPRECHER

NICOLAS CAVALLIER

ERSTER PRIESTER, ZWEITER

GEHARNISCHTER MANN

NIALL ANDERSON

ZWEITER PRIESTER, ERSTER

GEHARNISCHTER MANN

NICHOLAS JONES

Orchestre et Chœurs de l'Opéra national de Paris

Maîtrise des Hauts-de Seine / Chœur d’enfants de l’Opéra national de Paris

3h05 avec 1 entracte

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