L’essentiel
• Une soirée mixte qui mêle ligne classique et vocabulaire contemporain.
• Deux ballets euphorisants et très accessibles. Une symbiose entre la danse et la musique, de la pop électronique ou les atmosphères éthérées de James Blake aux séductions cuivrées d’Ibrahim Maalouf.
• Trois dates précédées du Défilé du Ballet, cérémonial unique au monde qui réunit sur la scène du Palais Garnier l’ensemble des danseurs de la Compagnie et les élèves de l’École de Danse, et d’une création de My'Kal Stromile, artiste multirécompensé, fortement inspiré par les travaux de William Forsythe.
« Je définirais mon travail comme une « construction / déconstruction » … Je me concentre sur le matériau, les références, les résidus, les opérations combinatoires dont la danse est faite. Pour les disperser, les faire proliférer ».
(William Forsythe)
Ouverte à de nombreuses recréations, réagencements et à l’improvisation, l’œuvre de William Forsythe fait le pari de l’impermanence et de l’éphémère pour éviter au mouvement l’écueil de la fixation, de « l’objet mémorisé », transformé en « fétiche ». Créé par Sylvie Guillem et Nicolas Le Riche pour le Sadler’s Wells à Londres, Rearray proposait en 2011 un jeu tout intellectuel sur l’espace et la musicalité, l’équilibre, explorant diverses combinaisons de lignes raffinées, sculptées par le jeu sophistiqué des éclairages. William Forsythe prête de nouveau l’oreille aux suggestions hypnotiques de David Morrow et revisite sa pièce pour trois danseurs du Ballet de l’Opéra, poursuivant son histoire avec la Compagnie depuis la création de France/Dance en 1983.
« Le chorégraphe explore sans réserve les ressources d’un patrimoine chorégraphique en citant quelques maîtres tels que Marius Petipa, Georges Balanchine ou encore Gilbert Mayer. […] [Le vocabulaire classique] devient alors un point d’appui, ou la matrice d’une gestuelle sous-jacente, jusque-là éclipsée par un désir d’absolu ».
(Lucille Goupillon-Villefort)
Défi à la virtuosité technique, Blake Works I rend compte d’un travail d’expérimentation intensif sur les possibilités de la danse académique, déstructurant le vocabulaire classique en le confrontant à des influences jazz et urbaine dans une succession de séquences courtes qui multiplie les configurations chorégraphiques et rythmiques. Répondant à l’inspiration musicale électro-minimaliste de James Blake, William Forsythe déploie ses fulgurances géométriques et son esthétique de la rupture aussi bien dans des duos intimistes que dans des scènes d’ensemble électrisantes où la temporalité se fragmente sous l’effet de la répétition et de la vitesse. D’après un motif initial diffracté en autant d’échos qu’il y a de danseurs sur le plateau, l’écriture poursuit sa recherche formelle en mobilisant la spontanéité des artistes, les encourageant à « pousser à fond les limites de leur propre savoir », à interrompre la mécanique de la syntaxe sanctionnée par l’histoire de la discipline pour en réorienter le sens, à trouver dans l’échec de l’intention première, dans l’accident du geste, une nouvelle étincelle de vie. William Forsythe fait des ralentissements ou des accélérations de sa pièce autant de défis posés à notre attention, autant d’occasions d’aiguiser notre regard et de décomposer le mouvement, d’en apprécier toutes les variations, toutes les strates invisibles, oubliées, qui assurent le passage de la retenue à l’explosion, de la tension à l’ondulation, de la sensualité à la pureté sculpturale.
Travaillée par la notion d’urgence, IMPASSE s’éprouve dans la frénésie croissante des échanges entre les danseurs et la diminution simultanée de l’espace d’interaction disponible. Questionnant les enjeux et les ambivalences de cette coprésence, Johan Inger trouve à fonder dans le collectif aussi bien des raisons de s’alarmer que d’espérer, des mécanismes de pression et de mimétisme qui structurent la relation de l’individu au groupe, à la possibilité de s’accorder sur un rythme commun, à l’énergie et à la poésie en réserve qui pourraient permettre de réinventer le monde. Généreuses et bondissantes, chorégraphie et musique visent la possibilité d’un sursaut et d’un surplus de conscience derrière le jeu égocentrique des postures. Sur une toile sombre où se devinent les contours d’une maison enfoncée dans le noir, menacée par l’ombre grandissante du rideau de fin, IMPASSE use de ce qu’il lui reste de lumière et de temps, d’humour aussi, dans un kaléidoscope d’images et de couleurs plein de fantaisie.
DÉFILÉ DU BALLET*
Musique : Hector Berlioz
Direction Musicale : Mojca Lavrencic
Orchestre de l'Opéra national de Paris
Avec la participation des Élèves de l’École de Danse
Tutus et diadèmes des étoiles réalisés par CHANEL
MY'KAL STROMILE*
Word for Word* : création
Musique : Jerome Begin
WILLIAM FORSYTHE
Rearray : création
Musique : David Morrow
Blake Works I : reprise (création : 2016)
Musique : James Blake
JOHAN INGER
IMPASSE : entrée au répertoire (création : 2020)
Musique : Ibrahim Maalouf / Amos Ben-Tal
LES ÉTOILES
LES PREMIÈRES DANSEUSES
LES PREMIERS DANSEURS
LE CORPS DE BALLET DE L’OPÉRA
Musiques enregistrées
1h40 avec 1 entracte
* pour les dates précises de distribution et programmation, se référer au site internet de l'Opéra national de Paris.