Paquita

La musique

Ludwig Minkus, compositeur de La Bayadère, a également signé quelques grandes pages de Paquita. Écoutez dès à présent les morceaux célèbres de cette partition pleine de joie.

‍

L’argument

‍

Paquita, une jeune gitane, refuse les avances d’un aristocrate, Lucien d’Hervilly, en raison de sa condition trop modeste. Mais en le sauvant d’un complot, elle va découvrir que ses origines sont bien plus nobles qu’elle ne le croyait...
‍

‍

‍

L’héritage

‍

Répondant à une autre marotte romantique que le ballet blanc et ses sujets fantastiques, Paquita séduit en 1846 pour son pittoresque et ses sémillances exotiques, directement inspirées par les récits de voyage des artistes de l’époque. Installé dans les contrées de Saragosse, le ballet joue la carte d’un dépaysement tranquille qui n’exclut pas le référent français et la reprise de clichés déjà en vogue. Au cœur de l’intrigue, l’enlèvement de l’enfant par les gitans est aussi un ressort dramatique dont on trouve trace en littérature, de La Petite Gitane de Cervantès à Notre-Dame de Paris de Victor Hugo. Le ballet remporte ainsi sans difficulté l’adhésion du public. Théophile Gautier, amoureux de la ballerine Carlotta Grisi, célèbre la virtuosité des interprètes et l’éblouissante vivacité des danses de caractère. Quoiqu’objet d’un succès raisonnable, la pièce quitte rapidement l’affiche et le répertoire de l’Opéra. Mais Marius Petipa, dont le frère aîné interprétait le rôle de Lucien au moment de la création, remonte le ballet pour sa première saison russe, prolongeant ainsi la carrière du ballet à l’est. En 1882, il en propose une nouvelle version pour le théâtre de Saint-Pétersbourg. Sur les ajouts de Ludwig Minkus à la partition originale d’Édouard Delvedez, la chorégraphie s’enrichit d’un Pas de Trois au premier acte, d’une Mazurka et d’un Grand Pas de mariage, divertissement final de haut vol et brillant témoignage du style français exporté à l’étranger, resté longtemps le seul souvenir vivant de Paquita.
‍

‍

‍

Le parti pris

« Il y a deux manières de reconstituer. Celle de l’archéologue qui laisse en l’état les vestiges qu’il exhume et celle qui consiste à redonner vie aux choses retrouvées. J’ai choisi la seconde ».

_{(Pierre Lacotte)}

‍

Figure incontournable de la danse classique récemment disparue, Pierre Lacotte a procédé à un minutieux travail de reconstruction du ballet (depuis sa création aux ajouts de Marius Petipa) grâce aux témoignages de ses professeurs Lubov Egorova et Carlotta Zambelli, toutes deux interprètes du rôle de Paquita au début du XX^e siècle. Dans la lignée de ses prédécesseurs, sa Paquita consacre l’heureux mariage entre la technique et la grâce du geste dans une acception toute française du vocabulaire académique et des danses de caractère, en témoigne le travail sur le bas de jambes, la musicalité et le placement du corps. Vaudeville pétillant, le ballet additionne avec fougue les morceaux de bravoure et des scènes d’ensemble variées, où s’illustre un Corps de Ballet imposant et des élèves de l’École de Danse. Ravivant la « primitive naïveté » de la pièce, le grand soin accordé à la pantomime favorise la lisibilité de l’intrigue autant que son relief, en accentuant l’humour et le mordant.

‍

‍

‍

Au cœur de la production

‍

Imaginés d’après des maquettes originales, les décors et les costumes de Luisa Spinatelli participent de l’ardeur et de l’ingénuité de la fresque, jouant des contrastes entre la campagne d’Aragon, son ballet de capes et de toréadors, et la fastueuse salle de bal du tableau final. Et à quel monde rattacher enfin, entre les rouges et noirs de l'Espagne et les verts et ors de l'Empire français, les somptueux tutus ornés de pierres du Grand Pas ?

‍